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Concours / Examens supérieur
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Lorsqu'en 1968 parut la première édition d'Asphyxiante culture, Jean Dubuffet ne prenait pas en marche le train de la mode. Ses positions étaient anciennes, exprimées dès 1946 dans son Prospectus aux amateurs de tous genres.
Aujourd'hui encore la culture institutionnalisée, publicitaire, continue de régner dans l'attente de cette autre, souhaitée par Jean Dubuffet, qui désignerait « l'actif développement de la pensée individuelle ».
Asphyxiante culture est reparu aux Éditions de Minuit en 1986. -
Le livre de Jonas tient une place exceptionnelle dans la liturgie juive. Il est en effet lu publiquement à la fin de Yom Kippour, ce jour du Grand Pardon qui est la principale des solennités du calendrier. Et pourtant, rien ne semblait désigner à un tel honneur ce court texte consacré à l'un des douze « petits prophètes ».
Le livre de Jonas comprend quatre chapitres. Le premier et le troisième rapportent l'histoire, sans doute très ancienne, mais bien peu édifiante, d'un prophète récalcitrant. Sommé par Dieu d'aller prêcher Ninive, il s'empresse de s'embarquer sur un navire qui va dans la direction opposée. Mais, à la suite d'une soudaine tempête, les matelots rejettent Jonas à la mer ; il est alors avalé par un grand poisson (la fameuse « baleine » de Jonas), qui le dépose sur un rivage d'où il gagne Ninive et accomplit finalement la mission dont il était chargé.
Le deuxième chapitre - la prière de Jonas dans le ventre du poisson - est un psaume, également très ancien, que nous connaissons surtout dans sa traduction latine : le De Profundis.
Quant au quatrième chapitre, dont la rédaction est beaucoup plus récente (probablement du IIe siècle avant l'ère chrétienne), il raconte une mystérieuse histoire de « ricin » dont personne à vrai dire n'a l'air aujourd'hui de comprendre la véritable signification.
Or il paraît clair que c'est ce quatrième chapitre, justement, qui vaut à Jonas sa place éminente dans l'office de Kippour. Greffé par les Docteurs de la loi sur les deux sources légendaire et poétique précédentes, il pourrait bien illustrer pour la première fois la situation des juifs après la destruction du Temple de Jérusalem. Une situation qui n'a pas changé fondamentalement depuis vingt-six siècles.
Dernier livre de l'Ancien Testament, à la jonction du sacré et du profane. Jonas serait tout simplement le Livre de la judaïté moderne. -
Une « Utopique » est une construction imaginaire ou réelle d'espaces dont la structure n'est pas pleinement cohérente selon les codes de lectures eux-mêmes que cette construction propose. Elle met en jeu l'espace. Ce livre cherche à explorer ces jeux dans l'image et l'écriture et à expliquer par eux le mode particulier de production textuel et historique de l'utopie et sa force critique des sociétés réelles. Partant d'une étude de l'Utopie exemplaire de More, il vise par l'analyse de représentations utopiques (plans de ville du XVIIIe siècle, Disneyland, un fragment de Jorge Luis Borges, la ville cosmique de Xénakis...) à fournir les premiers éléments d'une théorie de la pratique sociale.
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Ce livre est né d'une découverte : l'impossibilité de tenir un discours sur Pascal sans tomber dans les contradictions que dénonce son objet. D'où la substitution à Pascal de la Logique de Port-Royal, qui le cite en des points-clés de son propos et qui permet ainsi d'en mesurer toute la puissance subversive. Sans doute est-il question, dans La Critique du discours, des modèles représentatifs du langage élaborés par la « linguistique cartésienne » des logiciens jansénistes, mais pour montrer, grâce à la citation pascalienne, comment modèles et représentations s'y manifestent comme procès idéologiques où la sémiologie contemporaine est encore prise.
En écrivant dans leur ouvrage, avec Pascal, le contre-texte de la représentation classique, en déplaçant ses « évidences » par une logique de l'infini et de l'aléa, par les stratégies pratiques du langage ordinaire, les « Messieurs » retrouvent dans leur Logique toute cartésienne et bourgeoise, et sans en être pleinement conscients, la pensée et la pratique anti-représentatives de leur religion, pensée pratique des forces du désir, celles du péché ou de la grâce, forces de l'Autre qui interdisent au modèle et à la représentation de se fonder rationnellement. Cette Critique du discours vise ainsi, par-delà les textes du dix-neuvième siècle, à mettre en question quelques-uns des présupposés sémiotiques des sciences humaines.
Ce livre est paru en 1975. -
Dialogue avec Heidegger Tome 3 ; approche de Heidegger
Jean Beaufret
- Minuit
- 18 Novembre 2020
- 9782707339249
Les textes jusqu'ici proposés au lecteur ne rejoignaient Heidegger qu'à partir des penseurs dont la parole avait avant lui porté au langage la question de l'être en mode philosophique. Heidegger cependant n'est pas un nouveau philosophe. Sa pensée n'est pas une nouvelle « thèse sur l'être » qui répondrait encore une fois à la question de l'étant par où il est. Avec lui, c'est bien plutôt cette question qui devient à son tour question. Sur quoi repose donc la possibilité même de la question posée traditionnellement par toute philosophie, sans que jamais aucune ne se soit avisée de ce qu'abrite en elle, dans l'inapparence du « non-dit », une telle question ? Cette tentative d'approche de la question de l'être est par elle-même l'unique approche possible de la pensée de Heidegger.
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L'analyse de l'existence que développe Être et Temps établit le sens temporel de l'étant que nous sommes, du Dasein, en comprenant chacune de ses manières d'être, et notamment la spatialité, comme un mode de la temporalisation. Mais l'espace relève-t-il du temps et pourquoi Heidegger a-t-il finalement déclaré irrecevable sa propre tentative de reconduire la spatialité à la temporalité ?
La spatialité du Dasein, comprise à partir des ustensiles à portée de main, présuppose un espace manuel irréductible à la temporalité puisque la main, la chair et la vie ne sont pas constituées par le temps. Si la langue de la métaphysique, au compte de laquelle Heidegger inscrit l'inachèvement d'Être et Temps, est dominée par des significations spatiales et que les structures essentielles du Dasein impliquent une référence à l'espace, c'est l'ensemble du projet d'ontologie fondamentale qui est remis en cause. Le Dasein ne saurait avoir un sens exclusivement temporel et le problème de l'incarnation exige que soit repensé l'être de l'homme, les rapports de l'homme à l'être et de l'être à l'homme.
Aussi cette interprétation d'Être et Temps devrait-elle permettre de délimiter la fin de la métaphysique à partir de l'émergence de la question du corps et de la chair.
Cet ouvrage est paru en 1986. -
Interférence peut se lire inter-référence. Rien n'existe, rien n'est pensé, nul ne perçoit ni n'invente s'il n'est un récepteur mobile plongé dans un espace de communication à une multiplicité d'émetteurs. Espace où circulent des messages, que le bruit remplit, où durent des stocks. Espace dont l'encyclopédie est une figure.
Interférence est une image. Elle donne à voir ou à entendre des zones d'ombre et de lumière, d'éclat sonore et de silence. Les sciences interfèrent multiplement : l'épistémologie balance entre le savoir aveuglant et les plages noires de l'insu. Après le livre des clartés, il faudra écrire, parmi le bruit, son complément ténébreux : l'article de la mort. -
Je demeure en Sylvia
Didier Coste
- Les Éditions de Minuit (réédition numérique FeniXX)
- 7 Janvier 2017
- 9782707332899
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
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Logique structure enonciation: lectures sur le langage
Oswald Ducrot
- Minuit
- 18 Novembre 2020
- 9782707351159
Le linguiste, quand il étudie une langue, prétend d'abord observer des faits, et ensuite les relier par des lois, ou les expliquer par une théorie. Mais ces « faits » (qu'il se « donne » au départ, et qu'il prend pour évidents parce qu'ils appartiennent à la perception habituelle du langage) sont le produit des théories à travers lesquelles il les voit. Quelques-uns sont le produit de sa propre théorie - et l'on parle de cercle vicieux, d'artefact, ou, d'une façon plus sérieuse, et moins péjorative, de « coût théorique ». La plupart sont le produit de théories anciennes, parfois de théories contre lesquelles l'auteur lui-même se bat. D'où la nécessité de savoir comment la linguistique d'hier a construit les faits dont débat la linguistique d'aujourd'hui. C'est ce que tente de faire cet ouvrage, qui traite de recherches très diverses, aussi bien celles de logiciens médiévaux que de modernes théoriciens de l'énonciation.