Pendant quatre ans, Tob avait rêvé, caressé, chouchouté la mort de Dino. Il y avait pensé le jour et la nuit... Ça l'aidait à vivre, d'imaginer mille manières différentes, lentes et atroces, de faire crever Dino. Ça l'apaisait.
A Moscou, tandis que la ville et ses habitants vivent leur petit train-train quotidien, le Vicomte et Vigo Curucci montent soigneusement, pièce par pièce, une très délicate combinaison. Dans celle-ci entrent, bien malgré eux, le capitaine Sorkov, Nicolaï Nojik et Candia Chelipova. Mais rien ne se passe jamais exactement comme prévu. Il y a l'amour, la haine, la peur, qui font aussi se mouvoir et réagir les personnages de ce jeu délicat, complexe et horriblement périlleux. Rien, jusqu'à la dernière seconde, n'est définitivement acquis.
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
Zac savait que tout dans l'opération ne tenait qu'à un fil : un retard, une maladresse, un manque de décision devant l'imprévu... Et il y avait Cora à l'aspect tellement convenable et sérieux. Bien sûr, elle avait dit : - Je saurai me conduire en salope lubrique. Mais entre dire et faire... Sans parler de Keko, écorché vif par sa négritude. Le genre à problèmes et à emmerdes. Le genre qui passe son temps à se prouver des choses ou à mettre les autres à l'épreuve. Zac se détestait d'avoir accepté d'entrer dans le coup et d'être revenu en Afrique du Sud. Mais il était trop tard...
Zac savait que l'affaire était pourrie. Il le savait très exactement depuis que vingt minutes auparavant il avait découvert qu'on le filait. Du coup, lui qui avait toujours beaucoup aimé Mexico, commençait à trouver la ville sinistre, l'avenue Juarez parfaitement laide et la foule de fin d'après-midi bovine... Bien sûr, la partie pouvait encore se jouer... Mais avec un nombre de chances considérable pour qu'on le découvre, lui Zac, un matin prochain, gisant dans le caniveau d'une ruelle, la gorge tranchée. "Si tu étais futé, tu laisserais tomber", se dit-il. Il remua un instant l'idée. Mais il y avait Cecilia Cuenca et aussi Alvaro, et puis ce fric dont il avait si sacrément besoin...
A Moscou, tandis que la ville et ses habitants vivent leur petit train-train quotidien, le Vicomte et Vigo Curucci montent soigneusement, pièce par pièce, une très délicate combinaison. Dans celle-ci entrent, bien malgré eux, le capitaine Sorkov, Nicolaï Nojik et Candia Chelipova. Mais rien ne se passe jamais exactement comme prévu. Il y a l'amour, la haine, la peur, qui font aussi se mouvoir et réagir les personnages de ce jeu délicat, complexe et horriblement périlleux. Rien, jusqu'à la dernière seconde, n'est définitivement acquis.
- Je peux vous procurer le Plan Vironov sur un plateau, en échange simplement du droit d'asile et d'un peu de protection. Si vous refusez, c'est que vous êtes complètement fou. Un silence épais tombe dans la pièce. Moi-même, je retiens ma respiration. Le Plan Vironov... Je me tâte un instant pour savoir si l'autre ne se fout pas de nous. Même si c'est le cas, il va certainement réussir à nous intéresser, le Plan Vironov n'étant rien moins que l'ordre de bataille que les Russes adopteraient en cas de conflit. C'est le genre de truc un peu légendaire dont tout le monde connaît le nom, et que personne n'a jamais vu. Bien sûr, ce n'est légendaire que parce que c'est la chose la plus précieusement gardée qui soit.
Pendant quatre ans, Tob avait rêvé, caressé, chouchouté la mort de Dino. Il y avait pensé le jour et la nuit... Ça l'aidait à vivre, d'imaginer mille manières différentes, lentes et atroces, de faire crever Dino. Ça l'apaisait.
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
Zac savait que tout dans l'opération ne tenait qu'à un fil : un retard, une maladresse, un manque de décision devant l'imprévu... Et il y avait Cora à l'aspect tellement convenable et sérieux. Bien sûr, elle avait dit : - Je saurai me conduire en salope lubrique. Mais entre dire et faire... Sans parler de Keko, écorché vif par sa négritude. Le genre à problèmes et à emmerdes. Le genre qui passe son temps à se prouver des choses ou à mettre les autres à l'épreuve. Zac se détestait d'avoir accepté d'entrer dans le coup et d'être revenu en Afrique du Sud. Mais il était trop tard...
Zac savait que l'affaire était pourrie. Il le savait très exactement depuis que vingt minutes auparavant il avait découvert qu'on le filait. Du coup, lui qui avait toujours beaucoup aimé Mexico, commençait à trouver la ville sinistre, l'avenue Juarez parfaitement laide et la foule de fin d'après-midi bovine... Bien sûr, la partie pouvait encore se jouer... Mais avec un nombre de chances considérable pour qu'on le découvre, lui Zac, un matin prochain, gisant dans le caniveau d'une ruelle, la gorge tranchée. "Si tu étais futé, tu laisserais tomber", se dit-il. Il remua un instant l'idée. Mais il y avait Cecilia Cuenca et aussi Alvaro, et puis ce fric dont il avait si sacrément besoin...
- Je peux vous procurer le Plan Vironov sur un plateau, en échange simplement du droit d'asile et d'un peu de protection. Si vous refusez, c'est que vous êtes complètement fou. Un silence épais tombe dans la pièce. Moi-même, je retiens ma respiration. Le Plan Vironov... Je me tâte un instant pour savoir si l'autre ne se fout pas de nous. Même si c'est le cas, il va certainement réussir à nous intéresser, le Plan Vironov n'étant rien moins que l'ordre de bataille que les Russes adopteraient en cas de conflit. C'est le genre de truc un peu légendaire dont tout le monde connaît le nom, et que personne n'a jamais vu. Bien sûr, ce n'est légendaire que parce que c'est la chose la plus précieusement gardée qui soit.
Roland Ridat n'aimait pas la pièce où on l'avait enfermé. Les murs nus, les fenêtres grillagées, la table et les deux chaises avaient par trop un avant-goût de cellule. Il savait que c'étaient les militaires qui avaient insisté pour qu'il fut bouclé là, quitte à lui présenter des excuses plus tard s'ils s'étaient trompés. Mautet le défendrait... mais cela suffirait-il ? Il se sentait nerveux, oppressé. C'était mauvais. On allait venir l'interroger, et il lui faudrait tout son calme. Des pas résonnèrent soudain dans le corridor. Roland entendit nettement le claquement de talons du soldat gardant sa porte, qui rectifiait la position. Une clé tourna dans la serrure, et le battant s'écarta. Un grand type maigre au visage mince entra. La porte se referma doucement derrière lui.
Un nommé Victor, à la fin de la guerre, avait compris que le réseau de résistance qu'il commandait pourrait, en temps de paix, lui rendre de grands services, et il avait continué à jouer le double jeux. Mais il avait tort, le nommé Victor.
Le correspondant à Munich des Services spéciaux avait appris qu'un certain Hartsmann était vendeur d'armes de guerre en quantité. Pourtant Hartsmann était en train de commettre une erreur : vendre des spaghettis, des bas nylon ou du caviar n'a rien de commun avec le commerce des armes, branche hautement spécialisée dans laquelle la moyenne de vie est très basse...
Roland Ridat n'aimait pas la pièce où on l'avait enfermé. Les murs nus, les fenêtres grillagées, la table et les deux chaises avaient par trop un avant-goût de cellule. Il savait que c'étaient les militaires qui avaient insisté pour qu'il fut bouclé là, quitte à lui présenter des excuses plus tard s'ils s'étaient trompés. Mautet le défendrait... mais cela suffirait-il ? Il se sentait nerveux, oppressé. C'était mauvais. On allait venir l'interroger, et il lui faudrait tout son calme. Des pas résonnèrent soudain dans le corridor. Roland entendit nettement le claquement de talons du soldat gardant sa porte, qui rectifiait la position. Une clé tourna dans la serrure, et le battant s'écarta. Un grand type maigre au visage mince entra. La porte se referma doucement derrière lui.
Un nommé Victor, à la fin de la guerre, avait compris que le réseau de résistance qu'il commandait pourrait, en temps de paix, lui rendre de grands services, et il avait continué à jouer le double jeux. Mais il avait tort, le nommé Victor.
Le correspondant à Munich des Services spéciaux avait appris qu'un certain Hartsmann était vendeur d'armes de guerre en quantité. Pourtant Hartsmann était en train de commettre une erreur : vendre des spaghettis, des bas nylon ou du caviar n'a rien de commun avec le commerce des armes, branche hautement spécialisée dans laquelle la moyenne de vie est très basse...
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
Nous nous levons tous les deux, et Richard va ouvrir. Dans l'encadrement apparaît un Oriental aux yeux bridés et à la face chiffonnée. Poliment, il demande : - M. Richard Blosset ? - C'est moi, répond l'ingénieur. Sur quoi la main droite de l'autre émerge de la poche de son imper, alourdie par un Mauser 9 mm. Il n'a pas le temps de pointer son arme que retentit un plouf ! assourdi, et la face de notre Oriental semble se déchirer sous nos yeux. La balle qu'il vient de recevoir dans la tête l'a pris de biais, lui faisant sauter tout le devant du crâne. Un peu de sang et de matière grise gicle alentour, et ce qui reste du gars tombe sur le palier.
- O.K., cessons de jouer. Nous sommes ici pour avoir une conversation sérieuse. Alors enlevez votre pardessus, nous serons plus à l'aise. L'autre se mordilla pensivement les lèvres, puis demanda, toujours très calme : - Et si je décidais de ne pas accepter votre aimable invitation ? Le Vicomte sourit joyeusement en claquant des doigts, et un revolver apparut comme par génération spontanée dans la main droite de Vigo, sans même que le liquide, dans le verre serré dans la main gauche, eut vacillé. - Félicitations, fit Ricardo, admiratif et convaincu, en entreprenant d'un air parfaitement naturel d'ôter son pardessus. Je prendrais bien un scotch, moi aussi.
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
Nous nous levons tous les deux, et Richard va ouvrir. Dans l'encadrement apparaît un Oriental aux yeux bridés et à la face chiffonnée. Poliment, il demande : - M. Richard Blosset ? - C'est moi, répond l'ingénieur. Sur quoi la main droite de l'autre émerge de la poche de son imper, alourdie par un Mauser 9 mm. Il n'a pas le temps de pointer son arme que retentit un plouf ! assourdi, et la face de notre Oriental semble se déchirer sous nos yeux. La balle qu'il vient de recevoir dans la tête l'a pris de biais, lui faisant sauter tout le devant du crâne. Un peu de sang et de matière grise gicle alentour, et ce qui reste du gars tombe sur le palier.
- O.K., cessons de jouer. Nous sommes ici pour avoir une conversation sérieuse. Alors enlevez votre pardessus, nous serons plus à l'aise. L'autre se mordilla pensivement les lèvres, puis demanda, toujours très calme : - Et si je décidais de ne pas accepter votre aimable invitation ? Le Vicomte sourit joyeusement en claquant des doigts, et un revolver apparut comme par génération spontanée dans la main droite de Vigo, sans même que le liquide, dans le verre serré dans la main gauche, eut vacillé. - Félicitations, fit Ricardo, admiratif et convaincu, en entreprenant d'un air parfaitement naturel d'ôter son pardessus. Je prendrais bien un scotch, moi aussi.