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nathalie quintane
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« Et donc, il ne me manque que la parole ? Eh bien, c'est que vous êtes sourdingue. » Oui, car c'est un chat qui parle. Chemoule est un chat, un chat français. Ou plus exactement une chatte, mais à la naissance on a cru à un chat. On lui a donc donné le nom de Michel Poniatovski, et après vérification, celui de Chemoule. Une chatte française en ce qu'elle est préoccupée par l'orthographe, par exemple, et en ce qu'elle a le sens de la propriété. Mais c'est surtout un chat qui fait des trucs de chat, comme dormir (beaucoup), manger, utiliser une litière, composer une ode au feu de bois, monter une expédition contre des voisins potentiellement envahissants, protester quand on l'instrumentalise pour une vidéo ou des photos. Elle raconte sa vie dans les moindres détails. Elle pense comme ça pense, un chat. Et Nathalie Quintane invente alors une langue poétique « pour parler le chat ».
Stephen Loye, artiste et cinéaste, a dessiné Chemoule en même temps que le texte s'écrivait. Ou plutôt il a dessiné des chemoules : des chats par centaines, reprises de chats médiévaux ou japonais, parfois inventés, parfois tout droit issus de photos de Chemoule elle-même. Quelques-uns de ces dessins rythment le texte, signalant le passage d'un chapitre à l'autre, posant un contre-point au texte ou simplement l'illustrant, encourageant le lecteur/la lectrice à regarder ailleurs : hors-page... Chemoule fait penser à certains textes de Colette, mais avec une radicalité du langage et un humour propres à l'écriture de Nathalie Quintane.
Stephen Loye conçoit également le compte Instagram chemoulequintane, en fonction depuis le 1er janvier 2025 -
Les pauvres et les riches ont profondément changé : les premiers ont été transformés en une foule semi-clandestine ; les seconds, en roue libre, se sont mis à enfourner et recracher du fric comme un distributeur détraqué. Alors que tout autour est dans le Zola ou dans le Barbara Cartland, le milieu du tableau continue à avancer prudemment en plein ciel après avoir perdu le contact avec la planète.
Et si les classes moyennes étaient le seul véritable ennemi de la démocratie ?... -
Les textes de Tarkos ne cessent tout ensemble de rappeler le mensonge et de le combattre, souvent avec beaucoup de drôlerie, de sens de l'absurde - on glisse d'un registre à l'autre, du comique au tragique, comme on glisse d'un son à l'autre, retenus par, et poussés dans, la viscosité de la pâte-mot. Mais l'humour est violent : le verbe n'est pas seulement corporel, il est "comme un coup de feu".
Nathalie Quintane .
Christophe Tarkos (1963-2004) fait paraître ses premiers poèmes au début des années 1990 dans des revues. En une décennie, il impose la présence d'une voix singulière, l'une des plus originales de la poésie française. Depuis sa mort en 2004, à l'âge de quarante ans, son influence n'a cessé de se développer. Cette anthologie inédite rassemble ses textes et ses poèmes majeurs comme Le Petit Bidon, Je gonfle, Manifeste chou... ainsi que des extraits de Caisses, Anachronisme ou L'Argent. -
En tant qu'enseignante, j'étais satisfaite.
En tant qu'écrivain, je rechignais pour la forme.
En tant que rien de spécial, je pensais pan dans les dents. -
Tout va bien se passer !
D'autant plus que cela se passe à Paris, non dans les rues obscures de quartiers périphériques mais en plein centre ! Quel bonheur de retrouver notre capitale, de fières avenues en fiers boulevards - et bâtiments officiels ! Car l'essentiel a lieu rien moins qu'à l'Élysée. Vous vous y dirigerez de salons en salons (voluptueusement décrits) sans jamais vous y perdre et en allant droit au but grâce à vos guides : la narratrice et... un sémillant ministre.
Mais nous ne serons pas seuls, le ministre, vous et moi. Une autre personne viendra prêter main forte, née en 1780 : Lucile Franque, peintre. C'est que je n'ai trouvé personne de mieux pour me donner un coup de main dans ce livre, c'est-à-dire nous donner un coup de main dans la vie.
Que dire d'autre ? Ah oui : un brouillard agréable baigne l'ensemble. -
La Cavalière, c'est elle, Nelly : une acharnée de la vérité qui met le feu partout où elle passe. Mais en ce milieu des années 1970, loin déjà de 1968, on est bien décidé à l'éteindre et pour cela à l'atteindre. Inculpation. Procès. Plus de quarante ans après des témoins parlent ; ils se souviennent d'elle - et de l'époque.
"On comprend mal le présent en partant du passé même si on ne peut comprendre le passé qu'à partir du présent. Mais est-ce que je cherche à comprendre ? Des choses montent - des vues, des bribes. Je les recopie, je les consigne. J'aimerais bien savoir si vous voyez ce que je vois, si vous entendez ce que j'entends, si vous pensez que j'exagère ou au contraire que je suis en dessous de la réalité." -
Le soleil sous les armes
Jean Senac, Nathalie Quintane
- FeniXX réédition numérique (Subervie)
- 22 Mai 2020
- 9782307077787
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
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"Coucou ! J'ai installé une carte du Monde sur le mur d'une des 2 salles, où chacun a pu mettre une étiquette autocollante à son nom et reliée à son pays, voire sa ville, d'origine."
Automne 2016 : des Centres d'Accueil et d'Orientation s'ouvrent un peu partout en France, à la suite du démantèlement de la "jungle" de Calais. Les enfants vont bien commence là. Présidents de la République,
ministres, textes de loi, presse régionale, animateurs du C.A.O, réseau d'aide... Tout le monde a quelque chose à dire des réfugiés, et c'est chaque parole, chaque phrase, de chacun, sur chaque page, que ce livre recueille. -
La littérature pas plus que la philosophie ne sont déprofessionnalisées, pas plus que la connaissance sexuelle : si la connaissance sexuelle étaient enfin totalement déprofessionnalisée, Brigitte ne s'acharnerait pas deux heures par jour tous les jours sauf le week-end. Oui mais la littérature peut être lue par tous et non par un, et tous écoutent l'émission et comprennent. Crâne chaud parle d'amour, non au sens de j'aime les vacances ou j'aime mon chat, mais au sens plus précis de sentiment sexuel. Comme le genre n'est jamais simple à dire, on pourrait avancer que ce livre est une fantaisie, ou plutôt une fantaisie réaliste, ou encore une fantaisie réaliste critique.
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Chaussure n'est pas un livre qui, sous couvert de chaussure, parle de bateaux, de boudin, de darwinisme, ou de nos amours enfantines. Chaussure parle vraiment de chaussure.
Chaussure ne résulte pas d'un pari ; il ne présente aucune prouesse technique, ou rhétorique. Il n'est pas particulièrement pauvre, ni précisément riche, ni modeste, ni même banal. Ce n'était pas un projet, mais ce n'est pas un brouillon, mais il n'a pas encore trouvé sa fin.
Chaussure s'est gorgé de tout ce qu'il a croisé sur son parcours : des patins, des chaussons d'escalade, un homme avançant en palmes sur la plage, Socrate nu-pieds dans Athènes, Caligula, Imelda Marcos (bien sûr), la Transcaucasie, l'invention de la chaussure, le squelette du pied, la terre qu'on foule etc, et il l'a rendu.
Bref, c'est un livre de poésie pas spécialement poétique, de celle (la poésie) qui ne se force pas. -
Des morts ont parlé.
D'excellents médiums ont rapporté leurs paroles.
Ce livre prend leur relais. -
Vous vous souvenez peut-être qu'Elvis, à la fin de sa vie, faillit mourir noyé dans un bol de soupe. Gladys morte, obèse et sans repères, il aurait eu besoin de «formage». En voici deux : Chien jaune, Roger, qui n'en manquèrent pas. Le premier, sportif assez doué (ski, escalade), le second, incarnant une bonne fois pour toutes le mot qui l'a choisi. Les phrases par lesquelles au fur et à mesure ils se construisent et offrent leur construction poussent, grassement nourries, puis se poussent. Formage est, à tous les sens du terme, un livre de formations. Ses trois parties pourraient s'annoncer ainsi : - la une, partie sportive, ou comment s'assimiler par l'écriture une qualité qu'on ne possède pas (bien au contraire), - la deux, partie politique, ou comment se faire un allié du lecteur en lui racontant un fait inhabituel, - la trois, partie polonaise, ou comment se transporter, personnages compris, dans un pays et à une époque qui ne semblent plus rien avoir en commun avec les nôtres. Ainsi fait, Formage est une vaste entreprise de conciliation.
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Antonia va-t-elle réussir à diminuer ses triglys? à terminer le poème débile demandé par Madame? Jardine est-elle vraiment lesbienne? Que se passe-t-il de pas mystérieux dans les caves? Que signifie «C'est la gonflette/Tu mords, ça se dégonfle»? Luc va-t-il préférer la fumette au Coca? Combien de pavés jetés du haut du pont parviendront à défoncer le toit des voitures sachant que les voitures font des zig-zags? Isabelle et Antonia vont-elles trier des bouchons de bouteilles en plastique tout l'été? Mais qui est Sviadapok-Mursky? Entre éruptions de l'Etna et anesthésies totales, Antonia, Isabelle, Luc et Boulimi vivent leurs 12, 13, 14 et 8 ans. Antonia Bellivetti est un roman pour la jeunesse destiné aux adultes.
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Ayant tué à coup de boule de bowling un touriste russe, le narrateur décide de fuir à vélo les bords pollués du lac Salton... De la Californie du Sud à la Lost Coast, via... la forêt de Compiègne, il rencontre une série de personnages loghorréiques et plus ou moins affamés - le contre-rhétoriqueur paranoïaque, la jardinière égarée, le collectionneur de petits cyclistes, un pêcheur (curieusement silencieux), un dominicain vulgaire, un Canadien sympathique... et même Jeanne Hachette. En faisant irruption, ils viennent sans cesse trouer la cavale du héros - et la cavale du roman vers sa fin. Roman excentré, qui propose d'emblée au lecteur 21 manières de se commencer - 21 débuts qui seront la réserve théorique et pratique du livre -, Cavale est le devisement d'un monde flottant, fait à une époque «assez désagréable», par un narrateur douteux.
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Un fantôme nous hante, insatisfait de sa commémoration (L'Année de l'Algérie, 2003), qui le célébra pour mieux l'effacer encore. Ce livre donne un corps à ce spectre. L'auteur y interroge sans relâche sa mémoire personnelle et plus que son souvenir : celui de cette génération d'avant, qui fit la guerre, ces phrases fameuses (On utilisera tous les moyens, On ne mettra pas les gants, etc.) que les démocraties s'autorisent parfois sans complexe, mais aussi la légèreté avec laquelle un pays tout entier met en scène son passé. Au pragmatisme policier (du grec politeia, organisation politique), Grand ensemble oppose une pratique de la langue, cruelle et drôle, pour qu'un peu les gorges se desserrent.
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Jeanne Darc a les yeux au ciel, et elle porte un costume de bergère. C'est une fille trop inquiète et trop rude pour s'y tenir. Mais que faire, quand il faut qu'il se passe quelque chose? Ce pourrait être le récit bref d'une vie violente, ou l'histoire brutale d'une vie brève, c'est la coupe en règle de tout ce qu'on sait, de ce qu'on a un jour vu ou lu sur Jeanne Darc. Ici, sa vie est repassée, il n'y manque pas un pli ; et voilà que Jeanne parle et qu'elle agit, presque comme on l'attendait.
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"Bergen, Berlin, Rio, Paris - et la province française. Des gens s'assemblent, discutent, écrivent sur des murs, certains tapent dans des vitrines.
En échange, on leur tape dessus, on les convoque au tribunal et, à l'occasion, on leur ôte un oeil.
C'est la vie démocratique.
Alors, je me suis dit : Tiens, et si, pour une fois, je sortais un pavé ?" -
Début est l'autobiographie d'une enfance vue d'avion avec quelques piqués. Début a aimé multiplier les angles et les manières - en phrases, en blocs, en vers, en discours, en récits, en photo, etc. -, n'ayant pas l'intention de 'faire le point' sur une enfance singulière, ni de tâcher d'en ressaisir l'essence, ou d'en donner une représentation unique et linéaire, mais préférant la livrer en pièces, en faire un compte rendu partiel, changeant, brutal, pas fini.
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Morceaux de scénario, fragments de conversations, bribes de reportages, amorces de réflexion, poème (un), parcelles autobiographiques, photos, dessins, schéma : un appareil qui produit essentiellement du récit ne peut que raconter des histoires. Ou une histoire, celle de Mortinsteinck, le film : un jeune homme en tue un autre. De remords et de tristesse, il part s'engager dans la Légion étrangère... Le livre dans sa progression renvoie au format choisi pour le film - la vidéo ordinaire S-VHS : il ne cherche pas l'image en plus (un supplément, voire un enrichissement) ou la belle image, mais une image de moins, défectueuse, hétérogène, ouverte.
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Les Quasi-Monténégrins ; deux frères
Nathalie Quintane
- P.O.L
- Fiction
- 28 Septembre 2011
- 9782818007808
Disparition Première : les Quasi-Monténégrins Les Quasi-Monténégrins ont disparu. Parce qu'ils ne sont plus que 354, mais aussi parce qu'ils ont victorieusement résisté à Pierre Ier Pétrovic il y a quelques siècles, mais surtout parce que l'un d'entre eux (peut-être deux) parle une langue rare dont il ne reste que deux enregistrements et que la Communauté a programmé l'archivage et la conservation de toutes les langues avec ou sans locuteur, on envoie un médiateur au-dessus de tout soupçon à leur recherche : il devra recueillir des informations sur leur «disparition» sans modifier en quoi que ce soit l'équilibre naturel et culturel de la région... Disparition 2 : Deux frères «- Mes fils aîné et cadet de 34 et 32 ans ont disparu dimanche 15 août à 19 heures de leur domicile et du mien à Saint-Nazaire contactez-moi au plus vite si vous pensez les avoir vus une maman bouleversée» : c'est par l'apposition de cet avis de recherche sur la vitrine d'une boulangerie compatissante que commence Deux frères. Le fils premier parviendra-t-il à échapper à la confusion? le fils second lui sera-t-il de quelque secours? Plus encore : le mécanicien réussira-t-il à éduquer la boulangère? La pochette de disque imposera-t-elle son point de vue? Une scène de maïeutique mécanique, le concours de Molière mais aussi de Pierre Boulez et de Billie Holliday, permettront-ils de «clarifier» la situation? C'est sous le signe de Musset et de Diderot, pour les Anciens (sauts de registre, humour), de Jean-François Bory et de Hubert Lucot, pour les Modernes (la «quête identitaire» piégée, les courts-circuits de l'écriture), que se place cette courte fiction.
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En abordant le personnage de Jeanne d'Arc, Nathalie Quintane avait tenté, en une série de textes courts, de substituer aux multiples charges - historique, politique, religieuse, romanesque... - encadrant le mythe, un seul «vêtement» : celui d'une écriture plane, soucieuse du détail négligé (parce que négligeable ou perçu tel), cherchant en Jeanne le plus petit plutôt que le sublime. Avec Saint-Tropez - Une Américaine, Nathalie Quintane radicalise sa démarche, en l'appliquant à deux «lieux», tout aussi occupés, voire parasités, qui pourraient a priori sembler gâchés - et violemment rétifs au genre de recherche qu'elle entreprend, tant ils sont pris, et depuis longtemps, dans des argumentaires essentiellement touristiques, politiques, médiatiques, dans des clichés de tous ordres (lexicaux, iconiques). Au moins deux techniques sont ici identifiables. Reconstitution en partant de mots-types ou de phrases-types dans lesquels les mythes se sont cristallisés, puis en se servant de documents écrits (guides, biographies, articles, récits plus ou moins littéraires) ou de témoignages oraux, ou encore d'images. Remaniement (par isolement, ou court-circuit, arrachement ou rapprochement) et enfin tentative de «désenclavement»... Saint-Tropez - Une Américaine est en fait constitué de deux textes indépendants. Cependant, comme le dit l'auteur, des poussières de l'un entrent dans l'oeil de l'autre - et réciproquement : ce sont deux vues gênées sur le monde. Mais de cette gêne, Nathalie Quintane fait un instrument de réflexion et, pour commencer, une machine à littérature très efficace puisqu'elle s'agrège, comme procède toute la poésie contemporaine la plus passionnante, des éléments en principe hétérogènes à toute littérature, à toute poésie. Et aussi parce que le brouillage dont il est habilement joué, en faussant les perspectives, en rapprochant ce qui est loin, en éloignant ce qui est proche, provoque un trouble qui ne cesse d'épaissir et d'enrichir, tout en l'élucidant, ce qui est paradoxal, la matière qu'il confond.