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Deuxième sélection du Prix Médicis 2025 : romans francophones
Ce jeudi 16 octobre, le jury du Prix Médicis a révélé sa deuxième sélection pour la catégorie "Roman francophone".
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La nuit au coeur - Prix Femina 2025
Nathacha Appanah
Lu par Nathacha Appanah- Gallimard
- blanche
- 21 Août 2025
- 9782073080059
Récompensé par le Prix Femina 2025.
Élu roman préféré des libraires du palmarès Livres Hebdo de la rentrée littéraire 2025.
"De ces nuits et de ces vies, de ces femmes qui courent, de ces coeurs qui luttent, de ces instants qui sont si accablants qu'ils ne rentrent pas dans la mesure du temps, il a fallu faire quelque chose. Il y a l'impossibilité de la vérité entière à chaque page mais la quête désespérée d'une justesse au plus près de la vie, de la nuit, du coeur, du corps, de l'esprit.
De ces trois femmes, il a fallu commencer par la première, celle qui vient d'avoir vingt-cinq ans quand elle court et qui est la seule à être encore en vie aujourd'hui.
Cette femme, c'est moi."
La nuit au coeur entrelace trois histoires de femmes victimes de la violence de leur compagnon. Sur le fil, entre force et humilité, Nathacha Appanah scrute l'énigme insupportable du féminicide conjugal, quand la nuit noire prend la place de l'amour.
Un récit d'une grande puissance restitué par l'autrice elle-même.
Couverture : "Le Rêve" (détail) Henri Rousseau Museum of Modern Art (MoMA), New York, USA © Digital image, The Museum of Modern Art, New York/Scala, Florence. -
Cette nuit-là, rassemblés tous les trois autour de notre mère, nous avons pour la dernière fois fait kolkhoze.
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Roman récompensé par le Prix Goncourt 2025 et le Prix littéraire "Le Monde" 2025.
En 1976, mon père a rouvert la maison qu'il avait reçue de sa mère, restée fermée pendant vingt ans.
À l'intérieur : un piano, une commode au marbre ébréché, une Légion d'honneur, des photographies sur lesquelles un visage a été découpé aux ciseaux.
Une maison peuplée de récits, où se croisent deux guerres mondiales, la vie rurale de la première moitié du vingtième siècle, mais aussi Marguerite, ma grand-mère, sa mère Marie-Ernestine, la mère de celle-ci, et tous les hommes qui ont gravité autour d'elles.
Toutes et tous ont marqué la maison et ont été progressivement effacés. J'ai tenté de les ramener à la lumière pour comprendre ce qui a pu être leur histoire, et son ombre portée sur la nôtre.
Denis Podalydès s'empare avec un talent inimitable de cette saga familiale virtuose et captivante.
© Les Éditions de Minuit, 2025
Couverture : Vilhelm Hammershoi, "Solstraler eller Solskin" / "Rayons de soleil ou soleil" © Akg-images -
Un père s'éteint en une longue agonie. Son fils, à son chevet, laisse remonter les souvenirs. Se dévoile ainsi la figure de la mère, fantasque, déroutante et déroutée, emportée brutalement, bien trop tôt, il y a longtemps...
Dans ce roman intime et bouleversant, le narrateur retrace les fragments de sa vie. Un puzzle se recompose, dont on sait qu'il y aura toujours des pièces manquantes, et d'autres déformées. Et si la famille peut parfois être une joie, fugitive, elle est le plus souvent un étouffement, ou un étourdissement nourri de conflits, de violences et de secrets.
Mais au cœur du récit, il y a Laure, le premier amour, seule lumière dans un monde en désordre. Unique par son nom et sa présence, elle incarne l’espoir et la lucidité face à une existence morcelée par la douleur et l'épuisante quête de sens. Pourtant, comme une Nadja d’aujourd’hui, Laure échappe elle aussi, insaisissable, bientôt avalée par l'énigme. -
« Comment ne pas oublier ?», dit le père de Marie, évoquant la disparition déjà ancienne de son frère marin. Parce qu'elle révèle l'inverse de ce qu'elle croit dire - la perte inoubliable -, la question éveille le trouble et la curiosité de la narratrice. À propos du naufrage et de la mort de cet oncle Charlot qu'elle n'a pas connu, elle a toujours entendu : « On ne saura jamais. »
C'est que le mystère reste entier sur les circonstances de l'accident de l'Emmanuel Delmas en 1979 au large des côtes italiennes : la brume, une collision avec un autre navire, très peu de survivants, plusieurs versions divergentes. L'énigme et le drame, l'émotion de son cousin Loïc dans la lumière dorée d'un soir d'août, il n'en faut pas davantage à Marie pour partir sur les traces de Charles Richeux, officier radio du navire.
Compilant les articles parus à l'époque, lisant avec avidité les dossiers d'archives, les correspondances, les télégrammes diplomatiques, conversant avec d'anciens capitaines et des veuves de marins, elle nous entraîne dans une passionnante reconstitution de la tragédie. Au fil des conversations et des recherches, c'est un peu de l'histoire bretonne qui affleure, où une modeste exploitation agricole, l'attente des femmes restées à terre et l'importance cruciale d'un petit club de foot tissent un pudique roman familial.
Quand elle interroge les ruses de la mémoire et se rit de sa propre obsession des traces et de l'enregistrement des voix, c'est son autoportrait en femme de radio que nous offre Marie Richeux : l'enregistrement, comme l'écriture, luttant contre l'effacement. Mais, à l'issue de sa quête, ce qui apparaît et donne à ce livre sa vibration toute particulière, c'est la belle évidence d'une littérature comme questionnement. -
"J'étais folle du nom de ma nouvelle amie. S'appeler Vertu, tout de même ! Et Angenehm qui signifie agréable en allemand. Vertu Agréable ! Comme un personnage de conte. J'étais au premier et elle au rez-de-chaussée, dans des chambres assez semblables avec petit bureau sous la fenêtre donnant sur le jardin. Et tandis que je travaillotais au mien (prenant des notes, faisant des listes, n'écrivant pas vraiment), je pensais à Vertu située exactement au même endroit juste en dessous, et j'avais l'impression d'être dupliquée en quelque sorte, ce qui n'était pas désagréable."
Dupliquée en trente médaillons, diffractée en trente facettes, telle est la narratrice de Vertu et Rosalinde. D'un récit à l'autre, son identité fluctue : tantôt adulte, tantôt enfant, tantôt Annelise, tantôt Hanna... Mêlant les genres et les tonalités, passant de l'émotion au saugrenu, du piquant au mélancolique, Anne Serre, une et multiple, nous entraîne dans une ronde étourdissante qui dessine un génial autoportrait. -
C'est l'histoire d'une fille qui n'est pas d'accord avec l'ordre social.
Nos visages sont-ils des images, des devantures ?
Notre attention est-elle devenue une propriété, comme les terrains ?
Est-ce que quelque chose s'est cassé en nous ?
De l'enfance à l'écriture, en passant par un bar mystérieux, une maison abandonnée, un immeuble rempli de sectes, ou le sommet d'une montagne, la narratrice nous entraîne dans une odyssée parsemée de miroirs homériques, de chants d'aèdes qui nous montrent le livre en train de se faire.
Les Forces reprend et détourne les motifs du roman d'apprentissage.
Alternant le prosaïque et le théorique en un éclair, le livre se déploie dans une narration allant du tragique au comique. Nous vivons le parcours initiatique et politique de la narratrice. L'ensemble est porté par une nature perçue comme un flux incessant, une énergie vitale, dont chaque élément peut contenir la totalité. On pense à Fiodor Dostoïevski, à Samuel Beckett, à Simone Weil également dans son approche de la force.
Un roman cardinal dans l'oeuvre de Laura Vazquez.
Prix Décembre 2025 Prix Les Inrockuptibles 2025 Prix Blù Jean Marc Roberts 2025