Goncourt : Prix Goncourt 1921

À propos

Premier roman nègre écrit par un nègre, en qui Léopold Sédar Senghor voyait un "précurseur de la négritude", récit d'une violence et d'une modernité extraordinaires, voici la complainte de Batouala, grand chef de tribu, vaillant chasseur et excellent marcheur. Nous sommes en 1921. A cette époque, personne n'ose douter du bien-fondé du colonialisme, porteur de civilisation et de paix. Une voix pourtant s'élève. Celle de René Maran, auteur antillais (1887-1960), alors fonctionnaire au ministère des Colonies, qui dénonce, dans ce roman précédé d'une terrible préface, les abus de l'administration en Afrique-Equatoriale française et les méfaits de l'impérialisme. Ses propos déclenchent un véritable scandale qui culminera avec le prix Goncourt qui lui sera tout de même décerné la même année. René Maran n'ose-t-il pas écrire : "Si l'on pouvait savoir de quelle bassesse est faite la vie coloniale, on n'en parlerait plus. Elle avilit peu à peu. Rares sont, même parmi les fonctionnaires, les coloniaux qui cultivent leur esprit. Ils n'ont pas la force de résister à l'ambiance, à l'alcool... Ces excès et d'autres, ignobles, conduisent ceux qui y excellent à la veulerie la plus abjecte. Cette veulerie ne peut qu'inquiéter de la part de ceux qui ont charge de représenter la France."


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  • Auteur(s)

    René Maran

  • Éditeur

    Albin Michel

  • Distributeur

    ePagine

  • Date de parution

    01/09/2021

  • EAN

    9782226470195

  • Disponibilité

    Disponible

  • Nombre de pages

    272 Pages

  • Poids

    1 627 Ko

  • Entrepôt

    ePagine

  • Support principal

    ebook (ePub)

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René Maran

René Maran (1887-1960) remporte le 1er Prix Goncourt attribué à un noir en 1921 avec son livre intitulé " Batouala ". Aîné d'Aimé Césaire (1913-2008), homme de lettres Martiniquais, et de Léopold Sédar Senghor
(1906-2001), poète, écrivain et homme politique sénégalais, René Maran demeure le grand oublié de cette littérature Antillaise que l'on nomme aujourd'hui " francophone ". Alors que Léopold-Sédar Senghor en a lui-
même fait le " précurseur de la négritude ".
Fidèle corps et âme à la France (il voudra même s'engager dans l'armée lors de la première guerre mondiale), il n'en demeure pas moins critique du système colonial, système qui empêcha son père d'obtenir la Légion
d'honneur. Sa fonction d'administrateur des colonies le met dans une position délicate : il se doit de servir son pays qu'il chérit tant, mais ne peut s'empêcher de se sentir solidaire des peuples d'Afrique équatoriale française. Ce sentiment de double appartenance sera cristallisé dans son roman Un homme pareil aux autres.
Batouala, roman qu'il juge " trop noir et non-européen " pour les Français le fera connaître, et déclenchera un vent de scandale notamment auprès des responsables de l'administration coloniale qui interdit la diffusion du
livre en Afrique (Maran sera contraint de démissionner de son poste). La préface constitue en effet une véritable diatribe contre le système colonial puisque Maran s'attaque de manière directe à la façon dont l'administration coloniale gère ses territoires de l'Afrique Équatoriale Française. La corruption de cette administration coloniale - que Marguerite Duras dénoncera également en parlant de l'Indochine - s'accompagne de débordements en tout genre de la part des hauts fonctionnaires. Ces débordements, surtout causés par les abus d'alcool, seront justifiés
par la fameuse " mission civilisatrice " de la France que Maran attaque de plein fouet, racontant dans cette préface que les villages concernés sont peu à peu pillés et dépeuplés.

René Maran mourra en France le 9 mai 1960, laissant derrière lui une oeuvre inspirée du naturalisme à la Balzac,
mais qui emprunte également des rythmes de l'Afrique qu'il a tant aimée.

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